Marc Leclerc

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Marc Leclerc
le barde d'Anjou
Activités Écrivain et poète
Période XXe siècle (1874-1946)
Notes Créateur des rimiaux
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Marc Leclerc est un journaliste, écrivain et poète angevin du XXe siècle. Il est le créateur des rimiaux, poèmes et contes rimés en parler angevin.


L'auteur

Marc Leclerc[1] naît en 1874 à Provins, en Seine-et-Marne[2], dans une famille de militaires originaire de Saumur. Après avoir suivi une formation au Prytanée militaire de La Flèche, il entre à l'école d'art graphique de Paris. En 1900, il devient chansonnier sous le nom de Marc O'Rell et participe quelques temps plus tard aux réunions des Angevins de Paris et aux rencontres des Amis du terroir. Il découvre le régionalisme avec Théodore Botrel, poète-chansonnier breton, auteur de La Paimpolaise[3],[4].

En 1904, il participe, avec Louis Vétault et Georges Dureau, à la création du journal parisien L'Angevin de Paris, qui devient l'un des principaux organes de l'activité régionaliste dans la capitale[5].

Homme de lettres, peintre, décorateur et conférencier, Marc Leclerc veut donner ses lettres de noblesse au patois angevin. En 1907, il lance une enquête afin de recueillir les chansons traditionnelles de l'Anjou. Trois folkloristes de l'époque, Anatole-Joseph Verrier, François Simon et Henry Cormeau, lui transmettent de nombreuses chansons. Le manque de fonds interrompt son projet et c'est Verrier qui prend le relais en les publiant ; Leclerc en puisera une trentaine en 1947 pour son ouvrage Sur l'air angevin. Il écrit des « rimiaux » comme La lettre à Marie et devient écrivain et poète régionaliste. En 1913, il publie les Rimiaux d'Anjou, premier ouvrage de ce nouveau genre littéraire angevin qu'il dédie à François Villon et François Rabelais[6],[3],[7]. Artiste, il participe aussi en 1914 au concours de création du verre à vin d'Anjou[8].

Durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé sur le front et combat notamment à Verdun. Il écrit dans les tranchées La passion de notre frère le poilu, en hommage aux soldats morts au combat, qui le fait connaitre. En 1919, il est l'un des membres fondateurs de l'Association des écrivains combattants dont il sera l'un des vice-présidents[9],[3],[4],[10].

Après la guerre, il reprend ses activités d'écrivain régionaliste et de journaliste. Il côtoie André Bruel, éditeur et écrivain angevin, à qui il léguera deux coffrets de fiches manuscrites sur les auteurs angevins, et transmet sa passion du parler angevin à Félix Landreau et Émile Joulain. Ce dernier publie en 1943 son premier recueil dont Marc Leclerc lui rédige la préface[4].

Paul Maudonnet crée en 1944 des figurines parées de costumes angevins, les Naulets d'Anjou, d'après une galerie de portraits que lui suggère Marc Leclerc[11],[12].

Marc Leclerc et André Bruel témoignent d'une attention particulière aux parlers et coutumes de l'Anjou rural, dont les expressions et la langue populaire sont encore en survivance à cette époque. Grâce à eux, puis plus tard à Émile Joulain, la tradition folklorique vit de grandes heures entre 1930 et 1960[13],[14].

Il séjourne pendant les dix dernières années de sa vie à La Ménitré, commune où s'installe en 1969 la Fête des coiffes qui devient le rendez-vous des poètes patoisants[15].

Marc Leclerc décède à La Ménitré le 11 novembre 1946, dans sa maison du Jouc où il s'était installé dans les années 1930[2],[16]. Poète patoisant, il est devenu une référence de la littérature angevine, comme aussi Émile Joulain et Yvon Péan. Il est parfois surnommé « le barde d'Anjou » ou « le grand maître des parlers d'Anjou » en raison de sa culture de la langue patoisante angevine. Son œuvre est encore très lue en Anjou à la fin du XXe siècle[3],[17],[18],[19],[20],[21].

Lors vous comprendrez l’Ang’vin
Point faignant, mais ben tranquille
Ein p’tit porté pour le vin
Craignant la peine inutile...

L'association des Amis du folklore et des parlers d'Anjou (AAFPA) lui rend régulièrement hommage jusqu'en 2023, année de disparition de la structure[22]. En 2016, pour les soixante-dix ans de sa disparition et le centenaire de la guerre 1914-1918, une série de manifestations fait revivre sa mémoire, comme à La Ménitré avec une exposition qui lui est consacrée et une conférence donnée par le linguiste Jean-Paul Chauveau, universitaire et directeur de recherche au CNRS, ou bien à Saint-Laurent-de-la-Plaine au Musée des métiers avec une conférence sur l'écrivain régionaliste angevin[4],[23].

Marc Leclerc est considéré comme l'inventeur des rimiaux en patois angevins. Avec Émile Poulain, ils ont crédibilisé le parler d'Anjou en lui donnant une dimension littéraire poétique[24],[25].

Portrait (1913)

Marc Leclerc par Lionel d'Hys, dans Le Cri d'Angers, journal du dimanche 17 août 1913[26] :

« Silhouettes Littéraires : M. Marc Leclerc

Notre excellent confrère l’Angevin de Paris annonce la publication prochaine des « Rimiaux d’Anjou », de M. Marc Leclerc.

Ces « Rimiaux » ou « poésies patoisantes » ont l’ambition, largement réalisée du reste, de traduire dans une langue populaire, très imprégnée de la saveur du terroir angevin, l’âme paysanne, touchante et simple, étrangement sentimentale au fond, de ce pays d’Anjou, si attachant et si nuancé.

Un certain nombre de pièces composant ces « Rimiaux » ont déjà connue la publicité des concerts et réunions littéraires qui ont consacré le double talent, de poète et d’interprète de M. Marc Leclerc.

Car M. Lecler récite avec un naturel charmant, et en même temps il présente, il commente son œuvre, dans un langage élégant, averti, qui achève de fixer le caractère des « Rimiaux » lus ou déclamés. Toujours et partout, œuvre et compositeur ont obtenu un gros succès que la prochaine publication ratifiera.

Pourquoi ?

Eh ! mon Dieu, c’est simple et c’est ce que je voudrais dire en deux mots pour bien établir dans la pensée de nos lecteurs, une physionomie assez exacte de M. Marc Leclerc.

On sait que le langage est essentiellement le fait de la nature humaine et il est possible d’arriver par de légitimes inductions jusqu’à son berceau, la loi de son développement étant une courbe dont un grand arc se passe dans l’inconnu, mais dont nous apercevons une fraction assez importante pour qu’il soit possible, comme l’a indiqué M. Renan, « d’en assigner l’équation et d’en découvrir le loyer. »

On sent dès lors, comment les gens qui aiment leur pays, et ont cherché à en analyser les caractères, les finesses, les charmes, ont été par là même, appelés à tenter des efforts de langage, correspondant à leur sympathie. De ceux-la, on peut dire que leur patriotisme a été un peu leur grammaire et leur science, et c’est à eux que l’on doit non seulement une foule de documents et de souvenirs historiques, mais aussi de vivantes effigies des diverses étapes que le langage populaire a franchies pour les exprimer.

Eh ! bien, M. Marc Leclerc aime son Anjou, à un point qui excite immédiatement la sympathie de ceux qui ne le connaissent pas ; il le chante avec une joie, un orgueil, une sentimentalité, une connaissance de cause, qui communiquent à ses poèmes leur solidité d’écriture, leur saveur rustique piquante, leur sensibilité langoureuse, Ils sont le reflet même de la conscience angevine, admirablement recueilli et rétracté, après avoir passé par ce prisme : l’âme du poète !

Et voilà pourquoi les « Rimiaux » constituent un des plus curieux documents littéraires, en même temps qu’une belle et bonne œuvre, saine, émouvante, pittoresque, coloriée, que tout Angevin se devra à lui-même de posséder dans sa bibliothèque comme dans sa pensée.

Ajoutons que le volume, qui ne contiendra pas moins de 300 pages, sera illustré par l’auteur, d’une couverture en couleurs et de nombreux dessins. Il est en souscription jusqu’au 1er octobre 1913. On souscrit à la Société des Artistes Angevins, 74, rue du Cherche-Midi. »

Œuvres littéraires

Quelques ouvrages rédigés par Marc Leclerc :

  • Les Laboureurs de la mer, pièce sous-marine en 11 tableaux, vers et prose de Marc Leclerc et Georges Gustave-Toudouze, Ligue maritime française (Paris), 1908 ;
  • Rimiaux d'Anjou, E. Lechevalier (Paris), 1913 ;
  • Les souvenirs de tranchées d'un poilu, poésies, G. Crès (Paris), 1917 ;
  • Rimiaux d'Anjou- Troisième édition, Librairie Sainte-Croix (Angers), 1918 ;
  • En lâchant l'barda !, poésies, Éditions G. Crès (Paris), 1920 ;
  • Avec nos frères les poilus, éditions de Nos chansons françaises (Paris), 1921 ;
  • La passion de notre frère le poilu, poésies, préface de René Bazin, Éditions G. Grès et compagnie (Paris), 1916-1922 (réédité en 1943 par Les Éditions Montceau) ;
  • Poètes angevins d'aujourd'hui, essais anthologiques, P. Lefebvre (Paris), 1922 ;
  • L'Anjou, conférence de campagne touristique, éditions du Touring-Club de France, 1923 ;
  • L'Offrande à Cyrnos, poèsies, P. Lefebvre (Paris), 1923 ;
  • L'anthologie du Sacavin ou Petit recueil des plus excellents propos et discours (vers et prose) qu'inspira le glorieux, subtil et généreux vin d'Anjou à nos auteurs Angevins de tous les temps et à quelques autres‎, Au bibliophile angevin André Bruel (Angers), 1925 ;
  • L'entarr'ment du père Taugourdeau, conte en vers, A. Bruel (Angers), 3e édition, 1925 ;
  • Rimiaux d'Anjou - Sixième édition, avec des illustrations de l'auteur, Au bibliophile angevin André Bruel (Angers), 1926 (livre, dont Veille de Fête) ;
  • Une artiste angevine : Louise Desbordes-Jouas (1848-1926), A. Bruel (Angers), 1927 ;
  • Rimiaux d'Anjou, André Bruel éditeur (Angers), 1932 ;
  • La légende de saint Fort, André Bruel (Angers), 1933 ;
  • Notre boule angevine. Un miracle de saint Fort, conte angevin, suivi d'un petit traité du jeu de boules de fort, André Bruel (Angers), 1933 ;
  • Mauges et bocage, Auguste Fontaine (Paris), 1935 ;
  • Le Haut-Anjou, A. Bruel (Angers), 1941 ;
  • Rimiaux d'Anjou - Anciens et nouveaux, ‎H. Bruel (Angers), 1942 ;
  • Angers, promenade autour d'une cathédrale, Jacques Petit (Angers), 1944 ;
  • Rimiaux d'Anjou, d'hiar et d'anhuit, Jacques Petit (Angers), 1944 ;
  • Touchons du bois, monologue par Marc Leclerc, La Lyre chansonnière (Paris), 1946 ;
  • Sur l'air angevin : 50 chansons populaires recueillies en Anjou, La Lyre chansonnière (Paris), 1947 (réédité en 2019 chez Geste éditions, ISBN 979-10-353-0402-7)[24].

Autres publications :

  • CD Rimiaux et chansons d'Anjou de Marc Leclerc, produit par l'AAFPA (Association des amis du folkore et des parlers d'Anjou), 1998.

Notes

À ne pas confondre avec Marc Leclerc, auteur-photographe né en 1975.

Bibliographie

• Émile Joulain, Souvenirs sur Marc Leclerc, dans Société des lettres, sciences & arts du Saumurois, 68e année, n° 126, février 1977, impr. Pierre Richou (Saumur), 1977, p. 49-60 (sur Gallica).
Rimiaux d'Anjou, chansonnettes et autres textes en Angevin, par Marc Leclerc, éd. Amis du folklore et des parlers d'Anjou (Angers), 2019 (ISBN 978-2-9543914-7-2)[3].

Sur le même sujet

Émile Joulain, Yvon Péan, Paul Maudonnet, Charles Antoine, Félix Landreau, Fourchafoin.
Les Naulets d'Anjou
Parler angevin (citation)
Dictionnaire du parler angevin
Langue et littérature angevine

Sources et annotations

  1. Leclerc, Marc (1874-1946)
  2. a et b Bibliothèque nationale de France, Notice d'autorité personne : Leclerc, Marc (1874-1946), 11 mai 2005
  3. a b c d et e Le Courrier de l'Ouest (Mireille Puau), Maine-et-Loire. Un ouvrage consacré à l'écrivain patoisant Marc Leclerc, 27 décembre 2019
  4. a b c et d Ouest-France, Le chantre du patois angevin à l'honneur, 3 novembre 2016 (entretien avec Jean-Luc Naud, président d'Histoire et patrimoine en vallée d'Anjou)
  5. Le Courrier de l'Ouest (S.B.), Angers. Dès 1904, « L'Angevin de Paris » porte la voix de l'Anjou dans la capitale, 28 novembre 2021
  6. Gérard Linden, La boule de fort par noms et par mots, Cheminements (Le Coudray-Macouard), 2007, p. 108
  7. Ouest-France, Rochefort-sur-Loire. La veillée a fait le plein de folklore angevin, 21 novembre 2023
  8. Archives patrimoniales de la ville d'Angers (Mairie d'Angers), Le premier verre à vin d'Anjou par Sylvain Bertoldi, dans Vivre à Angers n° 360, février 2012
  9. Association des écrivains combattants, Les membres fondateurs de l'A.E.C., 10 juin 2010
  10. La traversée du XXe siècle, dans Les Grandes Heures de l'Anjou, dir. Jacques Levron, Perrin (Paris), Hors collection, 1993, p. 172-184
  11. Association Les Plantagenets - compagnons de Marc Leclerc, L'histoire des naulets d'Anjou, mars 2014
  12. Archives patrimoniales de la ville d'Angers (Mairie d'Angers), Coutumes de Noël à Angers par Sylvain Bertoldi, dans Vivre à Angers n° 339, décembre 2009
  13. Élisabeth Verry, Les archives des sciences humaines et sociales aux Archives départementales de Maine-et-Loire, dans La Gazette des archives, n° 212, 2008-4, Richesse et diversité : à la découverte des archives des sciences humaines et sociales, p. 119-132
  14. Archives départementales de Maine-et-Loire, Les arts populaires dans Arts vivants en Anjou du XVIIe au XXIe siècle, exposition du 22 avril au 23 septembre 2016
  15. Ouest-France, À La Ménitré, la fête des Coiffes en stand-by, 6 février 2018
  16. Ouest-France, Hommage conté et dansé au poète Marc Leclerc, 13 novembre 2006
  17. Université d'Angers - Département de lettres modernes et classiques, Les Angevins de la littérature : Actes du colloque des 14, 15, 16 décembre 1978, Librairie Droz, 1979
  18. Chronique thématique, Chronique de la correspondance, Éditions Chronique, 2013
  19. Daniel Couturier, Charles Baussan, 1860-1955 : un angevin critique littéraire, Hérault (Maulévrier), 2000
  20. Georges Cesbron (Université d'Angers - Centre de recherche en littérature et linguistique de l'Anjou et des Bocages), Dix siècles de littérature angevine, Presses de l'Université d'Angers (Angers), 1985
  21. Le Courrier de l'Ouest, Disparu il y a 60 ans, le poète Marc Leclerc reste le plus grand barde de l'Anjou, 9 novembre 2006
  22. Le Courrier de l'Ouest, Animation. Un hommage à l'écrivain et poète patoisant Marc Leclerc, 4 novembre 2016
  23. Le Courrier de l'Ouest, Animation. Un hommage à l'écrivain et poète patoisant Marc, 4 novembre 206
  24. a et b Le Courrier de l'Ouest, Maine-et-Loire. La réédition d'un classique de la chanson angevine, 27 juillet 2019
  25. Le Courrier de l'Ouest, Les Ponts-de-Cé. Une causerie sur les traditions angevines, 21 juin 2022
  26. Lionel d'Hys, Silhouettes Littéraires : M. Marc Leclerc, dans Le Cri d'Angers, journal du dimanche 17 août 1913, 4e année, n° 33